Enquêter sur l’héritage colonial africain de nos musées

Le projet en détails

À l’origine du projet BREATHE!, l’écho du mouvement Black Lives Matter aux pages occultées de l’histoire européenne


À l’heure où la pandémie touchait le monde entier et aggravait  les inégalités, le mouvement “Black Lives Matter” initié aux États-Unis en réaction aux violences policières, a mobilisé de nombreux jeunes dans plusieurs pays occidentaux. Dans la continuité de ce mouvement, les déboulonnages de statue de colon ont établi le lien entre la situation d’injustice de populations racisées et l’héritage colonial.
Comment saisir l’intérêt grandissant d’une jeunesse, d’ordinaire peu mobilisée, à comprendre les causes historiques du racisme subi au quotidien  et des violences policières qui en découlent ? Nous émettons l’hypothèse que la genèse de ces revendications se trouve pour partie dans le traitement que les institutions (école, musées) font de l’histoire et du patrimoine hérités du passé colonial de l’Europe.
Car l’Europe a en cela une histoire commune : à Berlin en 1885 des empires coloniaux ont décidé du partage de l’Afrique sans représentants africains. Au cours des conquêtes puis par la suite, ils ont pillés des objets culturels des populations qu’ils dominaient. 75% des objets d’Afrique subsaharienne présents dans les collections françaises ont été collectés en ce temps. Or 90% du patrimoine classique africain n’est plus en Afrique et plus accessible aux africains. Les vaines demandes de restitutions de ces objets datent des indépendances. En 2018 le rapport présidentiel français Savoy-Sarr répond sur la faisabilité de leur restitution et reçoit un écho inattendu en Europe .  

Aujourd’hui, alors que les débats autour de la restitution du patrimoine prennent de l’ampleur dans le champ politique et institutionnel, nous souhaitons élargir la question des conséquences de la colonisation à une dimension sociétale prise dans son ensemble.
Les jeunes issus de la diaspora d’anciens pays colonisés sont également stigmatisés lors de la recherche d’emplois et ou de formation. Nous devons leur permettre de connaître leur histoire, ce patrimoine et de se l’approprier. D’une façon résiliente ils pourraient ainsi dépasser une violence héritée et s’en nourrir pour construire leur avenir au sein d’une société plus inclusive.

C’est là toute la question du droit culturel : pouvoir accéder et connaître son patrimoine nous garantit une société plus juste. Il existe peu d’actions de partage de cette histoire coloniale et ses collectes et elles sont rarement adressées à ces jeunes là. Il manque des solutions éducatives informelles aux animateurs socio-éducatifs qui les accompagnent. Pour ce faire, il est essentiel que ces acteurs divers se rencontrent autour de cette histoire commune, européenne et mondiale.